L'Automobile Magazine
18/06/2025
Il y a en France plus de 1.000 clubs de véhicules anciens, regroupant 59% des collectionneurs, d’après la Fédération française des véhicules d’époque, ce qui interroge sur les motivations de ceux qui y adhèrent et celles des autres plus réfractaires. Retour sur ce phénomène, qui ne date pas d'hier…
Les plus anciens clubs automobiles ou motocyclistes ont été créés entre les deux guerres, essentiellement au Royaume-Uni (Veteran car club of Great Britain en 1930) et en France (Club des Teuf Teuf en 1935). Ils regroupaient alors de riches propriétaires de ce qui était encore un objet élitiste apprécié des sportifs distingués et de quelques excentriques qui conservaient des modèles du tout début de l’automobile. Les véhicules n’étaient donc pas obligatoirement anciens mais suffisamment rares et chers pour fédérer une communauté de privilégiés fréquentant par ailleurs les mêmes cercles sociaux. Quelques constructeurs de voitures de sport, tels MG ou Bentley initieront aussi des clubs soutenus par la marque afin de
fidéliser leurs clients et leur proposer des occasions de rencontres et de partage de leur intérêt pour l’automobile. Les gentlemen drivers qui s’adonnent au trial à la campagne, ou au pilotage en circuit, notamment au Mans, sont alors valorisés par leur appartenance à des clubs très selects, réunissant les pilotes qui se côtoient en course. Le très exclusif British Racing Drivers Club se développe ainsi en aménageant des salons (toujours) très privés au sein du circuit de Silverstone.
Deux collectionneurs éclairés.
Toutefois, c’est véritablement dans les années 1950 et 1960 que se créent les premiers clubs de collectionneurs, accompagnant un mouvement d’amateurs pionniers désireux de rouler avec leurs “tacots” et d’échanger des conseils pour leur entretien. En France, le fameux club des 3A, organisateur du salon annuel Époq’Auto, voit le jour en 1956. Il est le second club référencé de voitures anciennes créé en France.
Il faut attendre la fin des années 1960, début des années 1970, pour voir les pratiquants commencer à se structurer. Les premières revues,
Le Fanatique de l’automobile et
L’Automobiliste, sont l’une et l’autre lancées en 1966 par deux collectionneurs éclairés, Serge Pozzoli pour la première et Adrien Maeght pour la seconde. Les premiers rallyes d’anciennes apparaissent, tel l’Escargot d’Or, qui parvient à réunir une cinquantaine de propriétaires n’hésitant pas à parcourir, durant une semaine, quelques centaines de kilomètres de la riviera italienne à la côte d’azur française avec des voitures dont les plus récentes remontent aux années 1930. Les bourses d’échanges se développent également, mais il faut attendre 1976 pour participer au premier
Rétromobile à Paris, et 1978 pour Époq’Auto à Lyon. En Angleterre, la première manifestation de ce genre remonte à 1967 – l’Autojumble de Beaulieu, créé par Lord Montagu, grand collectionneur et fondateur du premier musée automobile privé du Royaume-Uni en 1952.